Introduction
Pendant longtemps, j’ai attendu des autres qu’ils agissent comme moi : qu’ils répondent comme moi, qu’ils me comprennent sans que j’aie à tout expliquer, qu’ils fassent « comme si c’était évident ». Et souvent, j’étais déçue. Non pas parce qu’ils étaient « pas corrects », mais parce qu’ils ne jouaient pas le film que j’avais écrit dans ma tête — un scénario dont j’étais la seule scénariste.
Avec les années, j’ai appris à déposer ces attentes. Pas par froideur ni indifférence, mais par choix de liberté. Et honnêtement, c’est l’une des clés de mon bonheur.
Le piège des attentes
Avoir des attentes, c’est confondre nos valeurs, nos rythmes et nos façons d’aimer avec une norme universelle. On suppose que l’autre sait, qu’il devinera, qu’il « devrait » faire pareil. Le problème ? Chacun vit avec sa carte du monde : son histoire, ses limites, son langage, ses priorités. Attendre que l’autre soit notre reflet, c’est préparer le terrain de la déception.
Conséquence fréquente : on se sent incompris, on en veut à l’autre… alors que le différend vient surtout de notre scénario invisible.
« Si je donne beaucoup, ça va revenir » : une croyance tenace
J’ai longtemps cru que si j’étais présente, engagée, loyale, ça reviendrait naturellement. Parfois oui, parfois non. La vie n’est pas une balance comptable. Donner par attente de retour, c’est se mettre en position de créancière affective. Et quand le « paiement » n’arrive pas, on s’épuise.
Déclic : offrir par choix, non par contrat tacite. Donner parce que ça me ressemble — pas pour obtenir une preuve en échange.
Le choix libérateur : ne plus attendre
Ne plus avoir d’attentes envers les autres ne signifie pas se détacher de tout ni cesser d’aimer. Au contraire :
Je donne quand j’en ai envie.
J’aime comme je veux aimer.
J’avance quand ça m’appelle.
Je me retire quand ça ne me ressemble plus.
Les autres ne sont pas moi. Je ne peux pas forcer quelqu’un à voir, sentir ou comprendre ce que je vis. Avoir une vision « pour » eux ne m’appartient pas.
Ce que ça change concrètement
Moins de déceptions : moins de scénarios invisibles, plus de clarté.
Des relations plus saines : on passe du non-dit à l’expression simple des besoins.
Plus d’autonomie émotionnelle : mon humeur dépend moins des gestes (ou non-gestes) des autres.
Un amour plus libre : je choisis d’aimer sans tenir de registre.
Mettre en pratique (tout de suite)
Nommer au lieu d’attendre : « J’aimerais un message quand tu arrives », « J’ai besoin de te parler de… ».
Vérifier les scénarios : « Est-ce que je lui ai vraiment dit ce que j’attends ? ».
Donner par accord avec soi : si ça crée du ressentiment, ralentir, ajuster, ou dire non.
Accueillir la différence : l’autre n’est pas moi. C’est parfois frustrant… et souvent précieux.
Se choisir : se rapprocher de ce qui ressemble, s’éloigner de ce qui éloigne de soi — sans dramatiser.
Conclusion
Ce ne sont pas les autres qui nous volent notre bonheur. Ce sont nos attentes. Les déposer, c’est reprendre la pleine responsabilité de notre joie. Aimer devient un verbe libre, non une équation.
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Crédit photo : Catherine F. Castonguay
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