J-18 vers mes 40 ans

Introduction

On vit dans un monde qui valorise les diplômes, les titres et les « hard skills ». On te demande ce que tu as étudié, où tu travailles, ce que tu « fais dans la vie ». Pourtant, si je dois choisir quelqu’un pour mon équipe, je prends — 100 % du temps — la personne avec de l’intelligence émotionnelle avant celle avec « la plus grande intelligence sur papier ».

Pourquoi l’intelligence émotionnelle compte (vraiment)

Dans la vraie vie, ce n’est pas ton bac ni ton QI qui te sort d’un conflit. Ce n’est pas ton LinkedIn qui apaise une personne blessée, ni ton talent brut qui t’empêche d’exploser. Ce qui fait la différence :

  • Te comprendre et te réguler (respirer, ralentir, choisir ta réponse).

  • Écouter vraiment, sans te défendre immédiatement.

  • Te remettre en question sans t’effondrer.

  • Sentir ce qui monte en toi avant que ça déborde.

Ces capacités soutiennent un projet, une relation, une équipe — et elles tiennent dans le temps.

Le parallèle avec l’ultra

Tu peux avoir les meilleurs souliers, le plan parfait, des jambes en or. Mais à 3 h du matin, quand tout fait mal et que ta tête tourne en boucle, ce qui te fait avancer n’est plus le corps : c’est ta conversation intérieure. Avancer, alors, c’est savoir t’écouter, te parler, t’ajuster. C’est ça, l’endurance émotionnelle.

Ce que l’IE change au travail

  • Moins de frictions, plus de clarté. Les sujets difficiles se traitent plus tôt, avec moins de dégâts.

  • Décisions plus justes. On choisit en fonction des faits et des humains.

  • Leadership crédible. On inspire par la présence et la cohérence, pas par le contrôle.

  • Résilience collective. L’équipe s’use moins, avance mieux.

Comment la développer (hors des livres)

L’intelligence émotionnelle ne s’apprend pas qu’en théorie. Elle se forge :

  • Dans les conversations difficiles (oser les avoir, sans attaquer).

  • Dans les échecs (analyser sans se crucifier).

  • Dans la conscience de soi (observer tes déclencheurs, tes besoins).

  • Dans le renoncement au contrôle total (laisser de l’espace, déléguer vraiment).

  • Dans les « kilomètres » qui enlèvent les façades (sports d’endurance, créations longues, projets exigeants).

Et sur un CV, on met quoi ?

Plutôt que des mots vagues, des preuves comportementales :

  • Gestion de soi : « Reste sereine en tension, clarifie les priorités, propose un plan. »

  • Communication : « Reformule avant de répondre, demande des exemples concrets. »

  • Feedback : « Demande et donne du feedback actionnable, sans jugement. »

  • Conflits : « Cadre la discussion, identifie intérêts communs, aboutit à un accord. »

  • Résilience : « Transforme les revers en apprentissages documentés (RCA, plan d’amélioration). »

Conclusion

Le monde change. Le travail aussi. Les relations aussi. La compétence qui fait vraiment la différence aujourd’hui n’est pas seulement ce que tu sais faire, mais qui tu es pendant que tu le fais. Entre quelqu’un qui sait tout gérer, sauf lui-même, et quelqu’un qui sait se gérer — je choisis la deuxième personne. Tous les jours.

Crédit photo : Championnats canadiens Backyard (2020)